samedi 31 août 2013

Festival des films de l'Antarctique

[ Extrait d'un mail du 12 Aout ] 

"En ce moment a lieu le festival des films de l'Antarctique.
De nombreuses bases du continent Antarctique et des bases subantarctiques telles Kerguelen, Crozet et Amsterdam  ont produit un film dans chacune des 2 catégories.


Je vous donne ci-dessous les liens pour accéder aux films.
Nous avons à Dumont d'Urville concouru dans les 2 catégories.

Si vous les visionnez, vous aurez le plaisir de me voir jouer dedans.

 

La catégorie open - film libre produits obligatoirement en antarctique ou autour du cercle polaire."





La catégorie 48h - film à produire en 48 heures avec 5 éléments donnés au dernier moment.
 
Cette année les éléments étaient les suivants :
1. une balle de ping-pong
2. quelqu'un doit dire : "Voulez-vous coucher avec moi ce soir" (en français dans le texte)
3. une baignoire
4. le personnage "The Gingerbread Man" (M. Pain d'Epice)
5. le son d'un "authentique éternuement"




 
 
 Un lien pour visionner les films des autres stations :
  Festival des films de l'Antarctique.


jeudi 29 août 2013


Vendredi 19 juillet.

Il est un peu plus de midi et demi en Terre Adélie et bien qu’au raz de l’horizon, le soleil est au plus haut de sa course lorsque nous assistons à un phénomène peu fréquent. Un parhélie est présent dans le ciel. Ce phénomène, consistant essentiellement en l'apparition de deux images lumineuses aux couleurs du spectre solaire, se produit lorsque le soleil est assez bas sur l'horizon et que l'atmosphère est chargée de cristaux de glace présents dans les nuages de haute altitude.




Phénomène rare, insolite et nouveau pour tous ici, il a suscité l’émerveillement des hivernants de la TA63.

Jeudi 25 juillet. Soirée cinéberg

Ce soir, une grande première en Terre Adélie. Mathilde et Cyril ont organisé une séance de cinéma en plein air avec comme écran un iceberg présentant une face plate telle un véritable écran de cinéma.
Chacun s’est habillé chaudement pour assister à cette grande première. Le film, un vieux documentaire en noir et blanc sur l’Antarctique. Il doit durer environ une demi-heure. Rester immobile durant la projection sous de telles conditions nécessite quelques précautions. J’ai glissé dans chacune de mes bottes grand-froid des chaufferettes qui m’aideront à supporter les -20 °C de cette salle de plein air bien mal chauffée.
 

Arrivé après une marche nocturne d’une trentaine de minutes, chacun peut profiter d’un vin chaud en attendant le début de la projection.
Le projecteur est déjà en marche et un grand rectangle lumineux s’affiche sur la face assombrie par la nuit de l’iceberg.
Le temps passe et Mathilde et Cyril sont toujours autour du projecteur essayant de régler sa vitesse bien trop lente. L’heure tourne et la séance n’a toujours pas commencé.
Finalement  la projection n’aura pas lieu. Le froid n’aura pas permis au projecteur de fonctionner normalement.  

 
Chacun regagne la base, sans doute un peu déçu du non évènement. Pour moi l’objectif a été atteint. C’était de sortir la nuit sur la banquise. Guidé par les lumières de la base je m’en retourne avec un petit groupe d’hivernants, la faible lumière de nos frontales éclairant nos pas.

Photo de Maxime Aimetti
Vendredi 8 août.

Ce soir nous avons pu observer un phénomène peu commun. A la tombée de la nuit un nuage s’est illuminé dans le ciel. S’agissait-il d’un nuage nacré ?
Ces nuages se forment dans la stratosphère à proximité des pôles. Très hauts dans le ciel, ils reçoivent la lumière du soleil alors que ce dernier se trouve en dessous de l’horizon et la réfléchissent vers le sol. Agissant comme des catalyseurs de réactions chimiques hétérogènes en association avec les fluorocarbones ils produisent des molécules de composés chlorés détruisant les molécules d’ozone. Ils sont le témoin visible depuis la terre de la modification du trou dans la couche d’ozone.


Dimanche 11 août.
 
Tôt ce matin, le soleil en se levant a enflammé l’horizon avec des lumières rouges et orangées dévoilant au loin sur le continent d’immenses gerbes de neige. Le bulletin météo annonce pour aujourd’hui du vent catabatique violent.
Il est 7 heures, je me dirige vers le séjour pour y prendre mon petit déjeuner. Le ciel est clair et le vent est calme. Je suis aujourd’hui de service base. Ce travail consiste à nettoyer la salle de restaurant, la salle de lecture et de jeux, le bâtiment de nuit, à aider en cuisine, à dresser la table et servir aux repas, à débarrasser et laver vaisselle et les plats en fin de repas.
Il est à peine 9 heures lorsque soudainement le bruit du vent se fait entendre. Il s’est levé en quelques minutes et souffle à plus de 150 km/h entrainant dans sa course folle de grandes quantités de neige. Juste au-dessus de nos têtes on devine un grand ciel bleu. Le mauvais temps est là et il devrait s’installer durablement au moins pour la semaine.


Les quelques 25 mètres qui séparent les différents bâtiments sont devenus très difficiles à franchir. Dans un sens le vent nous pousse violemment et ses rafales nous projettent  tantôt en avant, tantôt sur le côté.  Dans l’autre sens, il nous faut lutter pour avancer. La force des éléments est impressionnante. Tout cela fait sans doute partie de ce que je suis venu chercher ici au bout du monde.

Dimanche 18 août.

Il pleut sur Dumont d’Urville.
Depuis quelques jours une forte dépression a ramené un peu de douceur sur notre petit archipel des cotes de l’Antarctique. Vers 15h locales le thermomètre enregistre une température de -2,9 °C. Une pluie fine et verglaçante a remplacé l’espace de quelques heures la neige qui tombait sur la base. En touchant le sol l’eau gèle instantanément formant ainsi une fine couche de glace sur les passerelles. C’est l’évènement du jour sur la base. Chacun à l’intérieur du séjour observe avec un certain étonnement les gouttelettes d’eau qui viennent frapper les vitres.
La prudence s’impose alors à nous. Le chemin qui mène aux autres bâtiments est devenu glissant et quelque peu dangereux.

Mardi 20 août.
 
 Le vent souffle en tempête depuis 10 jours déjà. Dans  sa force, il entraine avec lui de la neige. Les rafales sont violentes. L’anémomètre de la station météo situé à 10 mètres de hauteur, en haut du mat, tourne à plein régime. Il a indiqué à plusieurs reprises des rafales à plus de 180 km/h.



Se déplacer sur les passerelles est difficile. La neige a recouvert une grande partie d’entre elles. J’ai du mal à marcher droit. Tantôt déséquilibré, tantôt bousculé, tantôt poussé ou au contraire retenu par le vent, j’ai du mal à marcher droit. Quand les rafales sont trop fortes, je m’agrippe à la rambarde pour pouvoir avancer ou pour garder mon équilibre.
Tout le monde ici attendait avec une certaine impatience de voir et vivre une tempête en Antarctique. Aujourd’hui la fatigue se lit sur les visages. Chacun a envie que cela cesse. Le mauvais temps nous prive de sortie, les travaux en extérieurs sont difficiles, les lâchers de ballons sonde sont plutôt sportifs.

Mardi 27 août.

Dimanche dernier la  météo nous a annoncé une semaine de beau temps. Cela semble se confirmer. Depuis hier déjà, le soleil brille dans un ciel sans nuages. Il fait beau, mais il fait très froid. Le thermomètre s’approche des -30°C.
Mon sac à dos est toujours prêt pour une randonnée. Dedans se trouve une poche fermée hermétiquement contenant un change complet, une serviette, une frontale, une corde d’environ 8 mètres. Ce mardi, Maxime, Julien le mécano de la base et moi, avons décidé d’aller au rocher du débarquement, la toute première île où Dumont d’Urville débarqua lors de son premier voyage en Antarctique. Lorsqu’il découvrit cette région en 1840, il lui donna le prénom de sa femme.
Ce petit îlot se trouve à 8 kilomètres environ au nord nord-est de l’île des Pétrels, l’île rocheuse d’environ 1 km de long sur laquelle est située la base.


Ce fut une sortie très agréable malgré le froid. Nous avons marché environ 18,5 km faisant un large détour lors de notre retour vers la base, afin d’admirer de nombreux et gigantesques bergs, détachés du glacier Astrolabe, aux couleurs parfois étonnantes.