dimanche 17 novembre 2013

Voici en quelques mots le résumé météo du mois d’octobre 2013.

Ce mois d’octobre a été plus chaud que la normale, plus neigeux (on note 8 jours avec des chutes de neige observées), mais surtout plus venteux. Il y a eu 12 jours dans le mois où l’on a pu voir un mur de neige sur le continent.
La température moyenne de ce mois a été de -11,9°C, supérieure à la normale qui est de -13°C., avec un minimum de -21°C le 17 et un maximum de -3,1°C le 14. Le record de froid pour un mois d’octobre est de -31,5°C, il a été enregistré le 3 octobre 1972.


Le vent moyen est assez proche de la normale avec une valeur de 9,35 m/s soit 33,7 km/h. La vitesse maximale enregistrée est de 45,3 m/s le 9 soit 163,1 km/h lors d’une forte tempête. Le record de vent pour un mois d’octobre a été enregistré le 2 octobre 1996 avec une rafale à 202,8 km/h.
On note 26 jours où le vent a été supérieur à 60 km/h dont 6 jours avec des rafales au-dessus des 100 km/h et 2 jours au-dessus des 140 km/h.


Cependant, ce mois a été moins lumineux que la normale. On note 233 heures d’ensoleillement, la normale étant de 265 heures.
Enfin la pression moyenne a été de 978,3 hPa.


Lundi 11 novembre.

Aujourd'hui 11 novembre, la base Dumont d’Urville a hissé le drapeau tricolore pour célébrer comme dans toutes les communes de France l’Armistice, la fin de la 1ère guerre mondiale. Un peu avant midi, nous avons écouté le discours du Ministre délégué auprès du Ministre de la Défense, chargé des anciens combattants, lu par le chef de district. Un moment solennel, un moment d’émotion durant lequel chacun a eu une pensée pour tous ces soldats qui ont combattus pour la France, qui ont souffert dans les tranchées et qui, pour certains, ont donné leur vie.



Au pied du mat, quelques manchots adélie sont présents et assistent à la cérémonie.


Après avoir observé une minute de silence nous nous sommes tous retrouvés au séjour pour apprécier le planteur préparé par Emile et le repas amélioré préparé par Dominique notre cuisinier.

lundi 4 novembre 2013

Samedi 19 octobre.
Un hivernage en Antarctique dure environ 8 mois, 8 mois durant lesquels l’isolement est total. Seule une faible liaison par satellite nous permet de rester en contact avec la famille et les amis. Nous communiquons principalement avec nos proches au travers de la messagerie électronique, le « mail ».
Les activités sur la base sont variées. Il y a ceux qui s’occupent des aspects logistiques et entretien de la base : produire l’électricité, l’eau potable… Il y a ceux qui s’occupent de l’intendance, des repas. Il y a les ornithos dont le travail se rapporte à l’observation et l’étude des animaux. Il y a le gérant postal qui s’occupe des nombreuses demandes et commandes des philatélistes de tout bord. Dans la journée, chacun travaille dans son bureau, son atelier ou en extérieur. Nous nous retrouvons principalement au moment des repas, souvent le soir au séjour pour une veillée ou une séance de cinéma et quelques fois autour d’un verre, pour célébrer un évènement ou juste pour un moment de convivialité.
Aujourd’hui, Thomas le mécanicien de précision de Dumont d’Urville nous a tous convié à un apéritif dans son atelier au SIPOREX. Le SIPOREX est un bâtiment qui tient son nom du matériau utilisé pour sa construction. C’est ici que se trouvent également les ateliers d’Angel l’électricien et de Jules le plombier. Pour l’occasion, la tenue "bleu de travail" a été exigée.
Se costumer, se déguiser est ici une tradition. Il y a eu durant l’hivernage de nombreuses soirées à thème où chacun confectionnait son déguisement avec divers matériaux, de vieux vêtements ou de vieux draps trouvés dans le "Servez-vous", armoire où chacun peut déposer des objets ou vêtements devenus inutiles ou encombrants en fin de mission.
J’ai donc revêtu mon bleu de travail, celui qui m’a servi cet hiver à protéger mes vêtements lors des traitements au gasoil des ballons de radiosondages.
Comme dans la plupart de ces moments qui nous réunissent et nous rapprochent les uns des autres, la photo souvenir est de rigueur. Dans quelques semaines, lorsque mon séjour achevé, j’aurai quitté cet endroit exceptionnel, il ne restera que les souvenirs et les photos pour me rappeler de cette année extraordinaire passée quelque part au bout du monde, sur une petite île isolée au bord du continent antarctique.

Samedi 26 octobre.

L’hivernage touche à sa fin. Cette semaine, Guillaume, le responsable de l’équipe technique de la base, a fini d’aménager une piste d’aviation sur le continent à un point nommé ici D10. Cette piste, située à presque 300 mètres d’altitude et à 5 kilomètres à l’intérieur du continent (10 kilomètres de la base), a été tracée sur de la glace.  A l’aide d’une sorte de herse tirée par un tracteur de 15 tonnes, la glace a été nivelée. Après plusieurs jours de travail, les 1 kilomètre 500 de piste sont prêts à accueillir le BASLER qui amènera les premiers campagnards de l’été austral.


Aux abords de la piste, nous avons installé, à côté d’un petit shelter, un capteur de vent en haut d’un mat de 4 mètres de hauteur. Ce petit capteur, relié à en émetteur situé à l’abri, à l’intérieur du shelter,  transmet en temps réel sur les écrans de la station météo de Dumont d’Urville la direction et la force du vent. Sur le haut de cet abri, un panneau solaire permet de recharger en continu la petite batterie de 12 volts alimentant notre système.




A côté de notre installation, plusieurs fûts contenant du kérosène sont entreposés sur une remorque. Les stations en Antarctique sont très éloignées les unes des autres et les avions n’ont pas suffisamment d’autonomie pour pouvoir faire un aller-retour. Il faut donc pouvoir refaire le plein des aéronefs qui se poseront ici.
Tout est donc en place pour qu’un petit avion muni de skis puisse se poser sur le continent.

Ce samedi 26 octobre au matin, la base est en effervescence. Un vol est programmé. Les passagers venus de France attendent depuis plusieurs jours déjà à Christchurch en Nouvelle Zélande que les conditions météos soient enfin favorables pour atterrir ici. Un premier avion doit les amener à la station Mario Zucchelli située elle aussi sur le continent Antarctique. De là ils prendront un second avion pour Dumont d’Urville. Depuis 7h locales, j’envoie toutes les heures par mail des informations sur le temps qu’il fait ici et sur la piste D10 à l’équipe météo de Mario Zucchelli.
En ce début de matinée, le vent souffle encore assez fort et le ciel est couvert.
Les modèles de prévisions numériques américains et européens sont optimistes. Le temps va s’éclaircir au cours de l’après-midi et le vent va baisser.
A 13h, après un dernier briefing météo, les conditions étant favorables, le pilote a pris la décision de faire décoller son avion. L’avion, un  BASLER doit arriver à D10 à 19h30. Tout le monde sur la base Dumont d’Urville est prêt. L’accueil d’un avion nécessite un minimum de préparation afin d’assurer un maximum de sécurité et être prêt à intervenir en cas d’incident. Une équipe constituée par le médecin, des secouristes et des pompiers est prête à se rendre à D10. Maxime le chef de District s’assure des derniers préparatifs. Il faut aussi prévoir la logistique nécessaire au transport des voyageurs vers la base.
Il est 17h30. L’équipe se met en route. Le ciel est maintenant bien dégagé et le vent a faibli et ne souffle désormais plus qu’à 20kt.
Il est 19h05. Michel le radio a un contact avec le pilote de l’avion. L’atterrissage est prévu dans 15 minutes. A 19h15 j’aperçois l’avion dans le ciel. Il commence à effectuer sa manœuvre pour se placer face au vent à l’ouest et dans l’axe de la piste. Je suis sa progression depuis la station météo à l’aide de mes jumelles. L’atterrissage est rapide. Un nuage de poudre de neige derrière l’appareil m’indique que l’avion s’est posé.


Photographie prise par Guillaume

Les passagers sont descendus de l’avion et sont en route pour la base. Une équipe est encore sur place afin de refaire le plein en carburant. L’avion ne reste pas. Il repart sur Mario Zucchelli.
L’arrivée de nouvelles personnes à Dumont d’Urville est un moment de fête. Elle marque aussi le début de la fin de notre séjour.