vendredi 17 janvier 2014

Lundi 16 décembre.
L’Astrolabe a pu entrer dans la polynie et s’amarrer au bord de la banquise, à 40 kilomètres de la base Dumont d’Urville. La glace est trop épaisse et le navire n’a pu se rapprocher davantage de la base. Vers 7h30 un bruit sourd résonne à l’horizon. L’hélicoptère embarqué à bord du navire de l’IPEV apparait au loin. La relève est enfin arrivée.

Image MODIS du 4 décembre 2013


Les passagers de l’Astrolabe vont arriver par petits groupes tout au long de la matinée. Olivier arrive tout d’abord par le second vol suivi de Pierre et Didier. Un sourire se dessine sur leur visage. Leur joie, leur émotion me rappellent mon arrivée ici il y a un an. La nouvelle équipe météo vient nous relever.

Samedi 21 décembre.

Le jour du départ est enfin arrivé. Ce matin le ciel est couvert. Il est 8 heures et déjà un petit groupe de personnes attend devant la DZ, la petite plate-forme d’où partira la quasi-totalité des hivernants de la TA63. C’est l’heure des adieux. L’émotion est grande pour ceux qui partent, mais aussi pour ceux qui restent. Tout au long de la matinée l’hélicoptère va assurer le transfert des partants par groupes de 5 personnes.


Il est 9h30 lorsque je m’installe à l’arrière de l’Ecureuil. Très vite l’hélico s’élève dans le ciel. Je jette un dernier regard sur la base, sur les lieux qui m’ont été  familiers et où j’ai passé la plupart de mon temps durant cette année 2013, le 42 bien sûr,  le séjour, la station météo. Dumont d’Urville  n’est bientôt plus qu’un point à l’horizon avant de disparaître totalement. Mon séjour en Antarctique est terminé mais les souvenirs de tous ces moments forts passés ici avec mes compagnons d’hivernage, mes amis, sont présents dans mon esprit et le resteront très longtemps.


Le vol ne dure que quelques minutes, une dizaine tout au plus. Bientôt une silhouette se détache de l’horizon. L’Astrolabe est amarré au bord de la banquise et nous attend. J’ai juste le temps de descendre, l’Ecureuil reprend son envol pour aller chercher d’autres hivernants de la TA63.




Il est 20 heures, le temps se dégrade. Le ciel s’est obscurci et la neige tombe doucement. Une brume épaisse s’est formée tout autour de la zone où est amarré l’Astrolabe. Il est temps de partir. Quelques volontaires descendent sur la banquise afin de lâcher les amarres. 30 minutes plus tard, l’Astrolabe s’éloigne doucement vers le Nord. Nous partons pour Hobart.


Mercredi 25 décembre
Il est 8h30. Guillaume, le commandant en second, nous a demandé de venir au salon afin de nous tenir informés d’un changement dans notre traversée. Un navire de croisière russe, l’Akademic Shokalskiy en difficulté dans le pack, près du glacier Mertz par 66°43 Sud et 144° Est, a lancé un appel de détresse. Les autorités australiennes ont demandé à l’Astrolabe ainsi qu’à 2 autres bâtiments naviguant dans la zone de leur porter assistance. Nous avons fait demi-tour tôt ce matin et faisons actuellement cap au Sud. Nous devrions arriver dans 2 jours, en même temps qu’un brise-glace chinois naviguant lui-aussi dans les eaux glacées de l’océan Antarctique. Un autre navire brise-glace australien, l’Aurora, a lui aussi mis le cap vers le navire en détresse.







L’Astrolabe ne pourra pas entrer dans la zone critique, le pack étant trop épais et trop dense. Les passagers de l’Akadémic Shokalskiy seront finalement évacués quelques jours plus tard par hélicoptère sur l’Aurora-Australis tandis que le Xue Long, le brise-glace chinois ayant essayé d’approcher le navire russe en difficulté sera à son tour bloqué dans le pack.





Ce sera notre dernière péripétie avant notre arrivée à Hobart le vendredi 3 janvier 2014 au matin.